Vous souhaitez que les choses bougent, et vous avez l’impression de faire du surplace ? Ce désir de changement est sincère. Pourtant, entre l’intention et l’action, quelque chose bloque.
Cette situation est beaucoup plus fréquente qu’on ne le pense, et elle n’a rien à voir avec un manque de volonté ou de discipline. Il existe en réalité des mécanismes psychologiques puissants qui peuvent saboter, malgré nous, toute tentative de transformation.
Changer, c’est sortir de sa zone de confort
Le cerveau est une formidable machine d’adaptation, mais aussi de survie. Pour lui, la stabilité – même inconfortable – est souvent préférée à l’inconnu. C’est ce qu’on appelle la résistance au changement.
Changer, c’est dérégler un système bien rodé de pensées, d’habitudes et d’émotions. C’est sortir d’une organisation interne (même bancale) pour plonger dans un état temporaire de flou. Ce que notre cerveau déteste par-dessus tout, c’est l’incertitude.
Vous pouvez vouloir adopter une routine plus équilibrée — prendre du temps pour vous, faire du tri, retrouver une meilleure gestion budgétaire — et remettre cela à plus tard, encore et encore, parce que votre système interne n’est pas encore prêt à désapprendre.
Autre phénomène clé : la dissonance cognitive. C’est l’inconfort que l’on ressent quand il y a un écart entre nos intentions profondes et nos actions concrètes. Par exemple : vous voulez ralentir le rythme, prendre soin de vous, et vous continuez à dire oui à tout, à courir après les urgences, à vous oublier.
Ce décalage crée une tension intérieure, qui peut être résolue par l’abandon de tout projet de changement, avec la création d’une croyance que de toute façon, vous n’y arriverez pas. Ces pensées protègent à court terme — mais elles figent le changement à long terme.
Derrière chaque résistance se cache une peur ou une croyance
Vos blocages sont logiques, si l’on prend le temps de les replacer dans votre histoire personnelle. On peut vouloir profondément changer de posture, de rythme ou de manière d’agir, et être freiné par des peurs très subtiles, parfois inconscientes :
- La peur de l’échec : “Et si je n’y arrivais pas encore une fois ?”
- La peur du jugement : “Que vont penser les autres si je fais les choses autrement ?”
- La peur de l’effort ou de l’inconfort : “Est-ce que je tiendrai dans la durée ?”
À ces peurs s’ajoutent souvent des croyances limitantes, construites au fil du temps, et renforcées par l’expérience, l’éducation, ou l’environnement :
- « Je ne suis pas quelqu’un de structuré. »
- « Je commence toujours mais je ne termine jamais. »
- « Ce n’est pas pour moi, je ne suis pas fait pour ça. »
Ces croyances agissent comme des lunettes déformantes : elles vous font douter de vos capacités avant même d’avoir commencé. Le pire, c’est qu’elles sont rarement remises en question — parce qu’elles sont devenues des vérités intérieures.
Lors de son audit budgétaire, Malika a mis des mots très justes sur ce tiraillement intérieur que beaucoup ressentent lorsqu’ils veulent changer et que quelque chose résiste encore : « Je ne me sens pas forcément légitime à gagner cet argent et c’est peut-être pour cela que je le consomme assez rapidement, ce qui génère ensuite chez moi un sentiment d’angoisse et d’inquiétude de manquer… »
Le plus important à comprendre ici, c’est que ces blocages ne sont pas là pour vous nuire. Ils sont là parce que, à un moment de votre vie, ils ont eu une fonction protectrice. Le cerveau, pour éviter le stress, la déception ou le sentiment d’échec, préfère parfois maintenir une forme d’immobilisme.
Trois clés pour amorcer un changement durable, sans pression
- Préférez faire petit
Vouloir tout transformer d’un coup est la meilleure façon de se démotiver puis d’abandonner.
À l’inverse, un petit changement maîtrisé, répété dans le temps, a beaucoup plus de chances de tenir.
Exemple : au lieu de vous fixer un objectif ambitieux du type « Je veux épargner 2 000 euros cette année », commencez par une action modeste mais régulière : mettre de côté 10 euros chaque semaine, systématiquement, dès aujourd’hui.
Ce n’est pas le montant qui compte ici, c’est la constance. Vous créez une habitude, un ancrage.
- Identifiez ce que le changement vous apporte
Ce qui freine souvent l’élan de transformation, c’est le manque de clarté sur les bénéfices profonds du changement. Prenez un moment pour vous poser cette question : « Qu’est-ce que je gagnerais à faire ce petit pas vers le changement ? »
Cela peut être :
- Plus de clarté mentale : vous vous sentez moins dispersé(e)
- Une meilleure énergie : vous récupérez plus vite, vous vous sentez plus aligné(e)
- Un regain de confiance : chaque petite victoire nourrit l’estime de soi
- Du temps de qualité : mieux utilisé, mieux savouré
Ce sont ces bénéfices concrets, tangibles, émotionnels, qui donnent du sens à l’effort, et qui rendent le changement désirable, plus que simplement “raisonnable”.
- Changez votre dialogue intérieur
Les petites phrases que l’on se répète ont un pouvoir immense. Évitez les discours culpabilisants :« Je n’ai aucune discipline. »
Remplacez-lès par : « Je fais de mon mieux, et je choisis d’avancer un pas après l’autre. »
Ce simple changement de ton permet de construire une motivation basée sur la bienveillance, et non sur la pression.
Si le changement vous semble difficile, c’est parce qu’il bouscule des équilibres anciens, protecteurs mais dépassés. Pourtant, à chaque pas choisi, vous envoyez à votre cerveau une nouvelle vérité : celle que le mouvement est possible, et qu’il peut vous ressembler.
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